Les chrétiens doivent-ils être des ringards ?

Un texte de Claude & Julia Payan

Dans beaucoup de films, les personnages qui représentent un chrétien ou un pasteur sont souvent montrés comme étant... disons... heu... « ringards » !
C'est-à-dire des gens complètement décalés par rapport à leur époque, à la société et par rapport à la réalité tout court.
 

La notion que j'ai de ce que doit être un chrétien, ainsi que l'Eglise Corps de Christ, est liée à la noblesse, le courage, l'amour, la fidélité et la confiance.

Or, il existe un énorme décalage par rapport à cette vision biblique et la plupart des assemblées et des chrétiens qu'il nous est donné de côtoyer aujourd'hui ; milieux évangéliques inclus !

Le monde, à qui l'Eglise a été donnée, si je puis dire, pour être une lumière afin de lui montrer la voie du salut et de la transformation, s'en est aperçu !

Dans beaucoup de films, les personnages qui représentent un chrétien ou un pasteur sont souvent montrés comme étant... disons... heu... « ringards » !
C'est-à-dire des gens complètement décalés par rapport à leur époque, à la société et par rapport à la réalité tout court. J'ai noté deux extrêmes, généralement représentés :
 

  • - Ce peut être le pasteur ou le chrétien très gentils, mais faibles, mous, mielleux même et qui ont plus besoin d'aide eux-mêmes que ce qu'ils peuvent apporter aux autres.
  • - Ou alors le pasteur ou la mégère « religieuse » dans tout le sens négatif du terme : des gens durs, qui jugent les autres, intransigeants, qui annoncent continuellement les jugements de Dieu, mais dont n'émane aucun amour.


Dans un western, alors que tout un groupe luttait pour sa survie, une femme très bigote n'arrêtait pas de citer Dieu et les Psaumes et ponctuait ses interventions par « C'est le châtiment de Dieu qui arrive » ou « Dieu va vous punir », etc. Elle cassait toute l'ambiance !

D'ailleurs, dans plusieurs de ces films, on voit souvent le héros soit aider et faire la morale au pasteur ou chrétien faible, soit s'opposer à ceux qui sont religieux.
Je trouve que les deux images discréditent autant le christianisme l'une que l'autre.

Maintenant si cette image de « décalés », concernant les chrétiens et serviteurs de Dieu, n'était donnée que dans les films, cela ne serait pas si grave. Le problème, c'est qu'elle correspond souvent à la réalité et que les films en question n'ont souvent fait que représenter ce qu'ils ont constaté.

Notre premier réflexe serait de dire : « Les traits de caractère des personnages sont exagérés ». Or, malheureusement, ce n'est pas le cas car ces caractères «exagérés» on les retrouve réellement dans la véritable vie et vie d'église... en, parfois, plus « graves » même.

Et cela, pas seulement dans les milieux dits traditionnels, mais dans nos assemblées évangéliques charismatiques. Quelques années à évoluer dans le monde évangélique suffit à rencontrer tout un ensemble de « caractères » qui sont, osons le dire, déséquilibrés, caractériels et donc... « ringards » !
Il fallait que quelqu'un le dise : c'est fait !

Oui, Dieu nous prend tels que nous sommes. Alléluia ! Mais nous ne sommes pas supposés en rester au stade où nous étions quand Il nous a appelés.

En retard !!!

Ce qui a caractérisé les revivalistes des temps passés, c'est qu'ils étaient en avance sur le monde qui les entourait. Ce qui caractérise généralement, les gens un peu trop « religieux », c'est : qu'ils sont... en retard !

Le problème ne vient pas tant du fait qu'ils sont en retard, mais qu'ils veulent faire de ce retard un critère de spiritualité ou de sainteté : « Nous ne sommes pas comme le monde », « Nous ne suivons pas, nous ne nous conformons pas au monde ».

Prenons un exemple : à l'époque d'Aimée Semple Mac Pherson, femme apôtre (si, si !), ils ont construit une super église, en pleine récession : « Angelus Temple ». Les gens venaient de tous les coins pour être aidés et entendre la Parole de Dieu.

Cette femme était assez originale et imageait souvent ses prédications avec des décors. C'était tellement avant-gardiste que les studios Hollywood de l'époque venaient chercher des idées pour leurs propres décors.

L'église était en avance sur le monde !

On voit ici cette avance parce qu'une femme exerçait un ministère puissant, contrairement à l'interprétation abusive de versets bibliques mal traduits et sortis de leur contexte que l'on utilise pour nous faire croire que la chose n'est pas scripturaire (la lettre tue, l'esprit vivifie !).

Aujourd'hui le monde donne des responsabilités jusqu'aux plus hauts niveaux à des femmes de qualité et nous, nous en sommes encore à calculer si une femme peut exercer le ministère. De ce fait, nous empêchons des tas de femmes d'entrer dans leur destinée de servantes. En retard !!!!

On voit aussi l'avance, dans l'exemple cité ci-dessus, parce que l'art, le mouvement et la couleur étaient développés dans l'église, en contraste avec tout un monde chrétien figé, utilisant des couleurs ternes pour se caractériser et croyant voir Satan dans toute forme d'art.

On voit cette avance encore car c'est le monde qui venait chercher des idées dans l'église, au lieu que ce soit l'église qui en cherche dans le monde.
Et Dieu confirmait ce ministère par une multitude de guérisons et de prodiges qui l'accompagnaient.


Les jeunes de ce monde sont, malheureusement, remplis d'énergie pour sortir, boire, faire la fête et de plus en plus prêts à servir sans complexe. Et nous, nous avons du mal à lever une jeunesse guerrière et enivrée du vin de l'Esprit.

Beaucoup de jeunes chrétiens sont vieux avant l'âge. Mon fils de vingt ans veut Jésus, mais il ne veut pas ressembler à la plupart des jeunes chrétiens qu'il côtoie.
Les hommes d'affaires de ce monde brassent des milliards qu'ils n'utilisent pas, pour la plupart, pour rendre le monde meilleur.
Et nous, nous avons tellement peur de cet « évangile de prospérité », comme nous l'appelons, que très peu d'entre nous connaissent les lois de la prospérité et ont encouragé ceux appelés à la libéralité à devenir de redoutables hommes d'affaires pour la cause de Christ.

Résultat, la plupart des chrétiens que nous côtoyons vivent « l'Evangile de la pauvreté », avec lequel ils ne peuvent ni aider grand monde ni aider le message de l'Evangile à être prêché aux extrémités de la terre, trop occupés – et on le comprend - à seulement survivre. En retard !!!
Cet esprit religieux nous aura volés, jusqu'au bout, par le biais même de conseils et enseignements distribués de l'intérieur de l'église. En retard !!!

La politique de la dramatisation

Ce qui caractérise beaucoup de chrétiens, c'est la politique de la peur et de la dramatisation auxquels ils ont adhéré.

« C'est le monde », « C'est le monde », « C'est le monde » !! « Il faut s'en garder » ! Puis, on se rend compte un jour que le monde s'est faufilé dans l'église et sur les estrades.

On aime focaliser sur le verre à moitié vide au détriment du verre à moitié plein. Cette politique de la dramatisation entraîne un symptôme pas très en harmonie avec l'esprit biblique ; la recherche du mal au lieu du bien.

La Bible nous dit que l'amour cherche le meilleur chez chacun. Cela ne veut pas dire que l'amour ne voit pas le mal ou se voile les yeux vis-à-vis du mal, mais que son premier réflexe est de chercher le bon dans les situations et chez les gens, non le mal.

Or nous avons tout un ensemble de chrétiens et de serviteurs de Dieu, très souvent parmi ceux qui prêchent la délivrance malheureusement, qui font une obsession du mal, des démons, des péchés, etc.

Résultat : le mal finit par s'attacher à eux et leur vie personnelle est loin de correspondre à la sainteté qu'ils prêchent avec tant de virulence.

Les chrétiens « ringards » sont caractérisés par cela : en général, leur vie personnelle n'est nullement un exemple à suivre.
L'expérience m'a montré que ça ne rate jamais. Parce qu'être « religieux », dans le mauvais sens du terme, n'a jamais aidé quelqu'un à devenir meilleur.

Vous savez, c'est comme ces gens qui parlent de Jésus et qui vous donnent envie de fuir quand ils en parlent, car la manière dont ils le font n'est pas la bonne et l'esprit qui les inspire n'est pas le bon.

Loin de vous dire d'être naïfs pour autant, ou encore de vous voiler la face vis-à-vis du péché et du mal qui est un peu partout ici-bas, mais si vous avez comme réflexe, dès que vous entendez un prédicateur, lisez un livre, ou parlez avec quelqu'un, de chercher le mal au lieu du bien, vous avez besoin de changer votre manière de raisonner.

Nous avons un bon exemple de cette « peur » de l'inconnu avec internet et les réseaux sociaux.

Le monde utilise tous les jours les réseaux sociaux pour véhiculer des milliards d'informations et tant de chrétiens sont encore en train de se dire : « C'est dangereux ! ». Nous sommes en retard !!

Merci Seigneur pour les réseaux sociaux !

On entend des tas de réflexions de chrétiens au sujet d'internet, des réseaux sociaux et autres moyens modernes qui sont à notre disposition aujourd'hui.
A les entendre, un peu tout serait dangereux, voire contrôlé par le diable.

Ils ont une « politique » du complot et de la peur. Une peur qu'ils communiquent souvent autour d'eux.
D'ailleurs c'est un principe chez moi : je ne prends rien au sérieux qui produise la crainte du diable ou de ses « affaires ».

Ça me rappelle un peu tous ces gens, à une époque, qui étaient choqués à la seule idée qu'on puisse introduire une batterie ou une guitare électrique dans l'église, parce que le diable utilisait aussi ces choses.

Nos peurs et la faculté de se concentrer sur la partie vide du verre plutôt que sur la pleine ont toujours plus participé à freiner l'avancement de l'Evangile plutôt qu'à en préserver la pureté.

Oui, internet et les réseaux sociaux sont dangereux, selon comment ils sont utilisés.
Mais vous savez que la voiture c'est encore plus dangereux ? Des gens se tuent chaque jour dans des accidents. Les couteaux de cuisine, c'est très dangereux aussi ! Des gens en tuent d'autres à coups de couteau de cuisine.

Les médicaments, c'est dangereux ! Si on en prend trop, ça peut provoquer l'effet contraire de celui désiré.
Des milliers de gens sont intoxiqués dans notre pays par les médicaments qu'ils prennent chaque jour.

Et même : se marier, c'est dangereux ; si c'est mal géré, ça peut finir par briser les coeurs. De nombreuses personnes ont été brisées dans le cadre du mariage.
Alors, qu'est-ce qu'on fait ? On supprime les voitures, les couteaux, les médicaments et le mariage ?

Qu'est-ce que je veux faire comprendre ici ? Que tout ici-bas a la capacité de devenir dangereux si c'est mal utilisé.
Ensuite, nous vivons dans un monde dans lequel le diable règne. Il est utopique, voire immature, de vouloir se retrouver avec plus rien qui lui appartienne autour de nous.

Nos propres corps étant toujours atteints par le péché, vous voudriez qu'il n'y en ait pas un minimum sur internet et les réseaux sociaux, que les pubs sur Facebook soient toutes super « clean » par exemple pour pouvoir l'utiliser ?

Est-ce le diable qui a donné l'intelligence à ceux qui ont mis en place internet ou créé les réseaux sociaux, ou Dieu ? Je réponds sans équivoque : « Dieu ! ».

Je me rappelle lorsque j'allais, il y a une vingtaine d'années, à Madagascar ou en Afrique. Pour communiquer avec ma famille il fallait le faire par courrier, mais lorsque je revenais le courrier arrivait une semaine après mon retour.

Aujourd'hui grâce à Skype ou MSN ou autres, non seulement je peux communiquer directement par écrit, mais en plus par vidéo. Formidable, merci Seigneur !

Grâce à Facebook, je peux communiquer, selon le compte, auprès de milliers de personnes, reprendre contact avec d'autres, recevoir de merveilleux témoignages de ce que Dieu a fait dans les vies et exhorter des centaines d'autres.
Merci Seigneur pour Facebook !

Et vous voudriez qu'on se prive de cela parce que ça fait flipper quelques chrétiens toujours un peu en retard sur tout ?
Ah, oui c'est vrai, les gens de ce monde utilisent cet instrument pour se répandre en médisances, entretenir des contacts malsains, livrer leur vie en pâture aux autres et même au RG.

Bon, en quoi ça concerne les chrétiens ? Car, entendons-nous bien, nous ne sommes pas supposés raconter toute notre vie sur les réseaux sociaux que je sache, ou mettre des photos de nous sous la douche.

Ensuite nous pouvons choisir les amis que nous voulons comme ceux que nous ne voulons pas, régler notre compte pour que personne ne puisse balancer sur notre mur ce qu'il veut.
Notre page sera donc ce que nous en faisons. Nous transposons souvent le fait qu'on soit dépassé par le fonctionnement d'une chose sur le diable et ses mauvais tours.

Les gens les plus virulents après les réseaux sociaux que je connaisse sont généralement des personnes qui ne les maîtrisent pas du tout. Ils ont lu un article catastrophe sur le sujet, le répètent en l'ayant amplifié au passage en général.

Ce qui fait le jeu de l'adversaire qui voudrait bien garder le monopole d'un tel outil.

Merveilleux de pouvoir voir ce que sont devenues les personnes que nous avons perdues de vue et leurs enfants et de garder contact avec d'autres qui sont à l'extrémité du monde.
Merci Seigneur pour Facebook !

Je pense personnellement qu'il est bien que les chrétiens soient à la pointe, sinon encouragent les autres dans ce sens, dans tous les domaines de la vie.
Casser cette image du chrétien décalé, dépassé et même, disons-le, « ringard » ne peut être qu'à la gloire de Dieu.

Car si quelqu'un est à la pointe et toujours en avance sur tout, c'est bien notre Dieu. Il a une « mega » connection internet : Il sait tout ce qui passe partout dans le monde à chaque seconde.

Est-ce que cela veut dire qu'il ne faut pas veiller et être prudent ? Bien sûr que si !
Maintenant sachons avoir du discernement, être rusés même, pour « manger le fruit » tout en laissant au diable les pépins.

Mais la politique de voir le mal partout, de la peur d'un peu tout, d'une certaine sanctification irréaliste a paralysé et gardé toute une partie de l'église dans l'inertie au cours des âges, sans qu'elle devienne pour autant plus sainte.

Jésus n'avait rien d'un « ringard »

Si je ne veux pas être un ringard, c'est parce que Jésus était tout sauf un ringard. Jésus était en avance sur tous ceux qu'Il rencontrait.
Lorsque je me suis converti, quand j'étais jeune, la manière dont on nous avait présenté la sanctification faisait qu'on devait se protéger du monde en s'enfermant presque dans l'église.

Toute notre vie chrétienne devait être gérée par ce qu'il fallait faire et ce qu'il ne fallait pas faire.
Celui qui s'habillait le plus « hors mode » était jugé le plus spirituel. Celui qui avait la voiture la plus pourrie aussi.
Satan était à la télé, à la radio, partout !

Bref, plus t'étais ringard plus t'étais, soi-disant, spirituel.

Or, Jésus était au milieu des prostituées et des voleurs, mais Il n'était pas là à Se scandaliser et à chercher le mal.
Il était en avance sur Son interprétation des Ecritures par rapport aux Pharisiens. Pour Lui, le sabbat n'était pas une suite de règles qui devaient asservir l'homme, mais il devait être adapté pour le soulager.
Il était vêtu d'une robe moderne pour l'époque, d'une seule couture.
Il a fait Son entrée sur un âne à Jérusalem. Si cela peut nous faire sourire dans le contexte de notre époque, dans celui de la Sienne l'âne était la monture des nobles et des rois en temps de paix (le cheval était la monture du roi qui allait à la guerre).

Jésus et Ses disciples, ce n'était pas une bande de mendiants, comme on le pense parfois, qui voyageait en haillons bénéficiant de la générosité des gens pour survivre.
C'était une véritable entreprise qui permettait à plusieurs familles (celles des apôtres) de vivre à plein temps.
Avec des partenaires, des femmes riches souvent, qui les soutenaient (la bourse que tenait Judas devait être bien fournie puisqu'il volait dedans sans que ça ne se voie).

Il n'arrêtait pas de choquer les Pharisiens parce qu'Il n'était pas conformiste.
C'est sur Ses traces que je veux marcher !
Toute personne en recherche de vérité et de liberté ne désire pas venir à Christ pour devenir un « ringard ».
Et si cela a été le cas, il n'est jamais trop tard pour rectifier le tir, se retrouver en avance au lieu de toujours en retard et marcher sur les traces de Jésus.
 

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