Le Miracle du Verglas
Mardi 5 janvier 1998. Comme à tous les débuts d'année, nous sommes réunis pour un temps de jeûne et de prière dans un endroit à l'écart sur les rives du magnifique fleuve St-Laurent. Cet après-midi-là, nous priions tout particulièrement pour nos ministères humanitaires (banque alimentaire, boutique de vêtements à prix modique, centres de réhabilitation et d'aide pour hommes et femmes, programmes d'enfants, etc) lorsque la voix d'un des dirigeants s'éleva avec passion et ferveur priant ces mots : «Seigneur, notre ville ne sait même pas que nous sommes là! Nous voulons être plus qu'une église dans la ville. Envoie la ville dans l'église! Je prie que le maire de la ville soit dans notre église!». La dernière partie de cette prière m'apparaissait particulièrement difficile à accomplir! En effet, nous avions à maintes reprises invité le maire de notre ville à nous connaître, à nous rencontrer, mais son bureau n'avait jamais daigné même nous répondre. Il y avait toutefois dans ce moment de prière une grande intensité, une passion et une foi en un Dieu qui accomplit l'impossible.
La ville privée d'électricité :
C'est à peine quelques heures plus tard, la même journée, que notre aventure du «miracle du verglas» commença.
Mon épouse me contacta sur le téléphone portable pour me dire : «il faut que vous reveniez, l'électricité est coupée partout!». Le même soir, la province de Québec était plongée dans le noir, aux prises avec la pire tempête de verglas de son histoire. La glace, s'accumulant petit à petit, inévitablement abattait tous les pylônes électriques, et plongeait la ville de Montréal et sa région du sud dans un tourbillon de peur, d'insécurité, d'impuissance et de panique, alors que plus de 1,3 millions de citoyens furent sans électricité (et chauffage) pour une période de temps allant jusqu'à trois et quatre semaines.
Ce même soir, nous appelions notre ville, offrant nos services comme centre d'hébergement.
Peu à peu, quelques personnes à la fois, les gens commencèrent à entrer dans l'église qui, avec sa puissante génératrice (nous avions acheté deux ans auparavant un centre commercial pour le transformer en église), était le seul bâtiment illuminé à plusieurs kilomètres à la ronde. En vingt-quatre heures, c'était plus de 500 personnes qui occupaient nos locaux, et demandaient hébergement pour leur famille. 500 lits le soir, 1500 repas par jour, des vieillards, des enfants, des gens malades réunis pour la première fois de leur vie dans une église évangélique.
Tous les jours, des centaines de bénévoles de l'église animaient des activités, préparaient les repas, occupaient les enfants, alors que des infirmières et infirmiers de l'église se relayaient vingt-quatre heures sur vingt-quatre pour soigner les très nombreuses personnes âgées, malades ou ayant besoin d'attention médicale. Que de moments touchants, émouvants, que de rencontres inoubliables.
Témoignages :
Pour nous, la crise du verglas, c'est d'abord et avant tout des gens. C'est un groupe de sidaïques, refusés partout ailleurs par peur de la panique, qui ont envoyé l'un des leurs comme «délégué», pâle, frêle et les yeux fixant le sol, nous demandant si nous pouvions les héberger (comment refuser?).
C'est cette dame qui, pleine d'angoisse et presque en état de choc nerveux, appelle une station de radio pour leur faire part de l'ambiance «démente» qui règne dans les centres d'hébergement. L'animateur en ondes lui a dit : «Allez à l'Église Nouvelle Vie, c'est très bien, vous verrez, et appelez-moi!». La dame le rappela, lui racontant que nous lui avions trouvé un endroit paisible où elle a dormi comme un bébé! Comme pasteur, j'étais si fier d'entendre ce témoignage, jusqu'à ce que je réalise qu'on l'avait installée dans mon bureau!
La crise du verglas, pour nous, c'est ce policier qui nous arrive avec sa mère handicapée et terrifiée : «Je vous la confie. J'ai confiance en vous.»
C'est aussi le maire de notre ville qui vient nous visiter, déambulant dans l'église avec, derrière lui, le dirigeant qui avait prié et qui arbore un sourire béat signifiant : «Tu vois, je te l'avais dit que le maire serait ici!».
Le miracle Nouvelle Vie, c'est un bilan merveilleux qui nous émeut encore un an plus tard : 4000 repas, 1500 personnes hébergées, 322,500$ de nourriture distribuée (2150 paniers) et plus de 6000 personnes touchées.
C'est aussi plus d'une centaine de conversions dans les mois qui ont suivi. Des dizaines de baptême d'eau, où des gens ont témoigné avoir été touchés par le «Groupe Action Nouvelle Vie», avant même de connaître l'Église Nouvelle Vie. C'est aussi de grandes leçons de foi écrites de façon indélébile par la main de Dieu sur les pages de nos coeurs...
Les leçons du verglas :
1. Que Dieu pourvoira toujours par ceux qui se donnent à ceux qui souffrent
C'est plus de 60,000 dollars (ou 240,000 francs français) que l'église a déboursés par la foi, durant ce mois de janvier 1998, annulant sept réunions, se privant des offrandes, et achetant tout ce qui manquait pour bien servir la multitude dans le besoin. C'est toutefois plus de 100,000 dollars (400,000 francs) que nous avons reçus en dons de partout à travers le Canada et les États-Unis.
C'est aussi au cours de cette crise de verglas que de nombreuses sociétés d'alimentation, qui ne nous avaient jamais supportés auparavant, ont commencé à nous approvisionner en denrées alimentaires, nous permettant de nourrir maintenant 4000 personnes par mois et de distribuer plus de 1,000,000 de dollars en aide humanitaire par année.
2. Que l'Église, à l'aube d'un nouveau millénaire, doit sortir de ses murs et aller vers la multitude qui l'entoure
C'est à cause de notre implication durant cette crise de verglas que le maire de notre ville est venu assister à une réunion de notre église, dimanche matin le 21 mai 1998. Avec sa participation, nous avons annulé à nouveau nos réunions un dimanche en décembre dernier, et avons servi plus de 2500 personnes, leur offrant un somptueux banquet de Noël. De février 1998 à février 1999, notre église a grandi d'une assistance de 950 à 1300 personnes les dimanches matin. Comme au jour de la Pentecôte, l'Esprit de Dieu nous a «jetés à la rue», et nous y avons trouvé une humanité qui demande encore : «Hommes frères, que devons-nous faire pour être sauvés?».
3. Que Dieu prend les «pains et les poissons» que nous lui offrons, et qu'il les multiplie encore aujourd'hui
Il faut que vous sachiez, chers lecteurs, que ce ministère a débuté avec une poignée de croyants, qui entreposaient la nourriture recueillie les dimanches dans leur propre maison pour la distribuer ensuite une personne à la fois. Des gens ordinaires, sans moyens ni ressources financières, s'offrant passionnément à Dieu pour ceux qui n'ont presque rien.
Le Seigneur a pourvu des entrepôts, des camions, des donateurs; Il a même utilisé une tempête de glace, pour ouvrir pour nous des portes qu'aucun homme ne pouvait fermer.
Qu'Il puisse embraser votre coeur, et qu'aux quatre coins du Québec et de la Francophonie nous puissions entendre la voix de notre Dieu vous dire: