L'avenue de la libération (Extrait)

........La perte de l'entreprise et les circonstances dans lesquelles nous étions, avaient laissé naître en moi de l'amertume, du rejet et une volonté de guérir des abus à mon égard et recherche de justice. Plus je lisais le livre de Job dans la Bible, plus je comprenais la nécessité du pardon. Je ne vais pas vous mentir : il m'a fallu du temps et du travail sur moi-même pour aboutir à cette démarche envers ma belle-famille. En premier lieu, nous avons beaucoup échangé avec nos enfants, et ces moments furent, pour chacun d'entre nous aussi, une thérapie et une évolution dans notre foi. Nous discutions avec nos enfants de la rupture d'avec leurs grands-parents et comment celle-ci a affecté leur enfance. C'est un privilège, dans la famille, de pouvoir avoir des conversations franches, et cela doit nous amener au sens du mot famille, mais aussi au niveau spirituel.

Pour nous, la famille est notre première Église, et nous devons, selon nos responsabilités, y veiller. Durant ces années, je n'ai eu aucune relation avec mes beaux-parents, hormis quelques courts échanges téléphoniques. En 2006, mon beau-père fut hospitalisé pour un problème cardiaque. Quelques jours après, ma belle-mère dut séjourner dans le même hôpital pour une phlébite. J'avais pris la décision de mettre à profit leur hospitalisation pour planifier une visite et leur exprimer ma demande de pardon. Cette rencontre n'avait pas pu se faire à leur domicile, car je n'étais pas le bienvenu. Ils acceptèrent de nous rencontrer, mon épouse et moi, dans leur chambre d'hôpital. J'étais venu à eux pour présenter mes excuses pour toutes les erreurs, conscientes ou non, que j'aurais pu avoir faites. Car j'avais conscience qu'un conflit génère des paroles et des actes pouvant être blessants, soit de façon volontaire ou inconsciente. Ainsi, ouvrir un dialogue me semblait possible à présent dans le lieu neutre de l'hôpital. Pourtant, tandis que je parlais, je réalisais que mon attente de pardon ne pouvait être satisfaite. Se plaçant dans la position de victimes, ils ne pouvaient que rester dans une position de jugement, incapables de s'examiner eux-mêmes objectivement. C'est comme un aveuglement terrible dans lequel l'adversaire de nos âmes aime à nous maintenir. Cette attitude fut pour moi assez douloureuse.

Je pensais qu'ils étaient les auteurs de la lettre anonyme et du combat à mon encontre et celui de ma famille. Je n'en avais toutefois pas la preuve matérielle. Leurs réponses furent évasives, conventionnelles. Parfois, j'avais droit à des reproches, des silences, mais mon coeur n'était pas satisfait. Pour moi, cette démarche de pardon m'avait permis de couper court à ces liens conflictuels avec mes beaux-parents et, avec le temps, j'espérais retrouver une relation normale. A cette époque j'attendais plutôt leur changement, mais Dieu avait bien plus à m'apprendre. Mon coeur n'était pas encore au vrai pardon mais à trouver une réparation chez l'autre. Je  mesurais combien, dans la relation parents-enfants, le fait de refuser le dialogue est aussi source de confusion et d'interprétation. Le diable ne peut que se réjouir de ce positionnement. Par la suite la communication avec ma belle-famille était devenue impossible du fait de leur départ définitif de la région pour la Normandie fin 2009. Tout cela s'était organisé à l'insu de leur fille, qui avait été volontairement écartée de toute décision et information. Même ses affaires personnelles rangées dans sa chambre furent portées disparues. 

La vie s'est poursuivie, avec mon combat pour tenter de faire valoir mes droits et aussi me reconstruire. Les résultats juridiques me conduisaient toujours à de nouvelles procédures et à des honoraires à régler. Or, si, à cette époque, j'espérais le changement de mes beaux-parents, Dieu avait bien plus à m'apprendre. En fait, je réalisais que mon coeur n'était pas encore disposé au vrai pardon. J'étais juste désireux d'obtenir réparation. J'avais la volonté de leur demander pardon, « mais » je voulais aussi qu'ils reconnaissent leurs torts. Avec le recul, je mesure que mon coeur était sincère, soucieux de respecter mes beaux-parents, mais j'étais en exigence envers eux, et je voulais qu'ils changent. Cette condition n'est pas celle de Dieu, mais bien une attitude humaine. Christ a payé le prix pour nous réconcilier sans rien exiger des hommes. J'étais sur le chemin du pardon... encore avec des « mais »! Je me souviens avoir crié à Dieu à plusieurs reprises en lui disant ma détresse et en faisant des efforts de repentance et des demandes de pardon. Je voulais vraiment m'en sortir et comprendre Sa volonté. J'ai commencé à faire des progrès en étudiant davantage la Parole et en ayant des temps de prière.

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